L’emblématique RBG : Découvrez son héritage !

  • 16 mars 2021
  • Amélie Lacroix - Coordonnatrice aux communications, ABC-Québec.

L’emblématique RBG : Découvrez son héritage !

Dans le cadre de la Journée internationale des droits des femmes 2021, le Forum des femmes juristes de l’ABC-Québec et le Comité égalité ont joint leur force en mettant sur pied un webinaire rendant hommage à l’éminente juriste américaine l’honorable Ruth Bader Ginsburg. Figure de la lutte pour l’égalité hommes-femmes, la célèbre juge a laissé sa marque dans l’histoire des États-Unis. 

Pour cet événement animé par Me Audrey Boctor, avocate au Cabinet IMK, ancienne présidente de la Division et présidente du comité égalité de l’ABC-Québec, trois juristes s’étaient réunis afin de rendre hommage à Ruth Bader Ginsburg ; l’honorable Suzanne Côté, juge à la Cour suprême du Canada, la professeure Louise Langevin de la Faculté de droit de l’Université Laval et la professeure Amanda Tyler de l’université Berkeley, coauteure du livre « Justice, Justice Thou Shalt Pursue: A Life’s Work Fighting for More… » avec Ruth Bader Ginsburg. 

Comme beaucoup de juristes, les conférencières ont reconnu avoir grandement été inspirées par l’honorable Ginsburg tout au long de leur parcours respectif. Certaines d’entre elles ont même eu l’honneur de rencontrer madame Ginsburg et d’échanger avec elle. Ce fut le cas de la professeure Tyler et de l’honorable Suzanne Côté.

Au début de sa carrière, la professeure Tyler a été auxiliaire juridique pour la juge Ginsburg en 1999 et 2000 et a, par la suite, maintenu une relation avec cette dernière au courant des années qui ont suivi. Me Tyler a raconté que lorsque, presque deux décennies plus tard, la juge Ginsburg a visité l’Université Berkeley à l’automne 2019 pour donner la première conférence commémorative annuelle Herma Hill Kay, elle a eu l’occasion d’entretenir une longue discussion avec la juge. Cette discussion s’est ensuite transformée en livre que Me Tyler a eu l’opportunité de coécrire avec madame Ginsburg intitulé « Justice, Justice Thou Shalt Pursue: A Life’s Work Fighting for More… ».  Me Tyler mentionne que « travailler sur ce livre avec elle a été un honneur. De m’asseoir avec elle 20 ans plus tard et de continuer d’apprendre de ses expériences a été un grand honneur ».  

Pour madame la juge Côté, sa première rencontre avec l’honorable Ginsburg fut en 2016 alors que la Cour suprême du Canada et la Cour suprême des États-Unis se sont réunies à Washington afin de discuter de législations. L’honorable Suzanne Côté a ensuite recroisé le chemin de madame Ginsburg en 2018 au Théâtre Shakespeare alors qu’elle avait invité à jouer dans la traditionnelle pièce de théâtre réunissant quelques juges. Madame la juge Ginsburg faisait alors partie des juges invités à performer et la juge Côté a eu l’occasion de s’entretenir avec elle après la représentation. « J’ai eu l’honneur de pouvoir discuter avec elle sur plusieurs sujets et pas seulement des sujets reliés au droit », relate la juge Côté.

 

De son côté, la professeure Louise Langevin n’a pas fait la connaissance de la juge Ginsburg personnellement. En tant qu’avocate et féministe, Me Langevin connait bien l’œuvre de la juge Ginsburg et se disait honorée de participer à ce webinaire lui rendant hommage.

 

Les grandes décisions de Ruth Bader Ginsburg

Par la suite, Me Tyler a repris parole afin de présenter trois décisions importantes de la carrière de la juge Ginsburg soit United States c. Virginia, Ledbetter c. Goddyear Tire & Rubber Co. et Burwell c. Hobby Lobby Stores Inc. Toutes ces décisions touchant respectivement l’égalité hommes-femmes, la discrimination basée sur le sexe et l’accès à la contraception, ont été des décisions marquantes pour le droit des femmes aux États-Unis.

« Lorsque madame la juge Ginsburg écrivait ses jugements et ses avis juridiques, elle savait qu’elle les écrivait pour le bien du futur », mentionne la professeure Tyler. Au cours de sa carrière, Ruth Bader Ginsburg a écrit plus de 1000 opinions juridiques, dont plus de 500 à la Cour suprême.

 

Est-ce que le Canada perçoit une influence de Ruth Bader Ginsburg sur les questions reliées au droit des femmes ?


C’est la question à laquelle madame la juge Côté a répondu : « Le Canada et les États-Unis entretiennent un dialogue comparatif. Nous partageons et apprenons l’un de l’autre tout en prenant en compte nos différences. Je dirais que sur les questions d’égalité hommes-femmes, la juge Ginsburg a eu une résonance, ici, au Canada. Son influence en tant que femme juriste ne passe pas inaperçue et elle continuera d’inspirer des générations de femmes au sein de notre système de justice. Elle a, en quelque sorte, ouvert le chemin ».

D’un autre côté, la professeure Louise Langevin a offert une analyse de l’influence des États-Unis quant au droit à l’avortement au Canada. Elle cite, entre autres, la décision Roe c. Wade aux États-Unis qui a été cité au Canada lors de la décision de la Cour dans le dossier Daigle c. Tremblay qui, au final, a conclu que le fœtus n’a pas de droit et que le géniteur n’a pas de droit sur l’avenir du fœtus. Encore aujourd’hui, les États-Unis ont encore une influence sur le Canada en ce qui a trait au mouvement antiavortement. Selon Me Langevin, « bien que la question de l’avortement soit moins clivante ici qu’aux États-Unis, il faut demeurer vigilant parce que les droits des femmes ne sont pas acquis pour toujours ».

 

L’impact de l’héritage de Ruth Bader Ginsburg dans le futur

« Ruth disait que la constitution n’est pas seulement le travail des juges, mais le travail de l’ensemble de la société. L’obtention d’opportunités égalitaires au sein de notre société est une idée qui l’a poussée à affronter l’adversité et qui continuera d’inspirer les gens. Il est important de garder à l’esprit que les victoires ne se produisent pas du jour au lendemain. La juge Ginsburg croyait que si vous travaillez dur et que vous vous en tenez à vos principes fondamentaux, vous y arriverez », mentionne la professeure Amanda Tyler.

Pour madame la juge Côté, c’est la vision que Madame Ginsburg avait de l’égalité pour tous.tes qui continuera d’aller de l’avant au sein de la société : « La logique qu’a utilisée Ruth tout au long de sa carrière pour arriver à ces résultats pour atteindre l’égalité va aussi permettre, éventuellement, l’obtention de l’égalité pour tous ».

Pour la professeure Louise Langevin, ce sera le modèle d’inspiration qu’est et restera Ruth Bader Ginsburg pour toutes les femmes : « Le travail colossal de cette femme et sa capacité à foncer, même vers la toute fin de sa vie, resteront une inspiration à avancer dans le domaine du droit des femmes ».